49, rue de Tanger 75019 Paris
Anonyme
Ajouté : il y a 12 années et 9 mois Réponse à : Information importante !!!

Bonjour,

je viens de lire les différents messages sur ce sujet, et je me sens profondément blessée et outrée des propos tenus.
Qu’une association de parents kafils (mais peut être que tous les propos ne sont pas le reflet de la position de kafala.fr) tombe aussi facilement dans l’amalgame familles étrangères = trafics me sidère.

J’ai fait une kafala à Rabat en 2009, en même temps que de nombreuses familles espagnoles, mais aussi franco-marocaines, marocaines, une suisse et une famille soudanaise vivant au Qatar. J’ai vu durant 6 mois de visites à l’orphelinat et de passages au tribunal, des parents entièrement dévoués à leurs enfants, près à rester des mois au Maroc pour rester près de leur enfant durant toute la procédure, allant les visiter quotidiennement et passant toute leur journée à l’orphelinat.
Toutes les familles étrangères se voyaient attribuer des enfants relativement âgés (entre trois et cinq ans) ou atteints de maladies graves (pathologies cardiaques, pulmonaires) nécessitant des soins et une prise en charge à long terme. Ce sont ces enfants là qui étaient “réservés” aux étrangers. Seules les familles marocaines ou mixtes se voyaient attribuer des nourrissons, quand elles en exprimaient la demande bien sûr.
Je ne dis pas que mon expérience est généralisable à l’ensemble du Maroc mais elle est tout autant valable que tout ce que je viens de lire précédemment.
J’ai vécu au Maroc de nombreuses années, me suis impliquée avec des associations oeuvrant dans le domaine de la protection de l’enfance, visité l’orphelinat de Ben Slimane où atterrissent les petits de 6 ans après avoir du quitté l’orphelinat Lalla Meryem, rencontré des enfants des rues à Casa pris en charge par des associations formidables mais qui n’en peuvent plus de voir la misère et la violence dans laquelle vivent ces enfants abandonnés dès leur plus jeune âge.
Aussi, sur cette question, il me semble que ce devrait être l’intérêt supérieur de l’enfant à vivre et grandir dans une famille, apportant toute les garanties matérielles ET psychologiques qui devraient primer sur toute autre considération.
Je pensais que nos associations de parents reposaient sur le principe de solidarité et d’entraide, je m’aperçois que ce principe a des limites pour certains d’entre nous.

Pour ma part, je continuerai à apporter mon modeste soutien à toutes les familles qui s’adressent à moi, sans distinction de nationalité, d’origine ou de degré de pratique religieuse (qui suis-je pour m’ériger en juge de la morale ?).

J’ai une pensée émue pour toutes les familles en cours de procédure et pour les enfants qui ont déjà tissé des liens forts avec des parents qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. J’espère qu’ils verront leurs espoirs se concrétiser et que la justice gardera raison pour ne tenir compte que de leur intérêt, loin des fantasmes et des politiques populistes.

Et surtout, je continuerai à me battre pour que les enfants sans famille du Maroc, ce pays qui m’a un peu adopté et avec lequel j’ai tissé tant de liens, puissent tous trouver un foyer stable, chaleureux, qui les accueillent dans le respect de leurs différences (enfants de mères célibataires, handicapés ou déficients mentaux,enfants à la peau foncé, enfants traumatisés par la maltraitance, …) et de leurs origines, leur donne une place valorisante dans la société et les conduise sur le chemin de la vie.