Bonjour,

L’histoire de notre fils commence bien avant sa naissance.
Ma femme et moi ne pouvions avoir un enfant.
Nous nous sommes tournés vers les soeurs de ma femme qui ont pris fait et cause de notre détresse. Un an et demi plus tard, Sami naissait, fils d’une de mes belle-soeurs.
Les Parents de Sami ne pouvaient subvenir aux besoins financier de Sami et donc nous avons entamé les démarches d’une kafala judiciaire avec autorisation de vivre à l’étranger pour Sami.

Sami ressemble énormément à ma femme, car en fait il vient de la même famille.

Depuis toujours nous avons dit à Sami qu’il ne portait pas mon nom. Et nous avons expliqué cela comme un fait normal étant donné que chacun de nous (Sami, ma femme et moi-même) sommes nés avec un prénom et un nom de famille différent.

Depuis toujours nous avons indiqué qu’il avait une maman et un papa au Maroc et une maman et un papa en France.

Depuis toujours nous lui avons dit qu’il avait deux frères et une soeur au Maroc.
Et d’ailleurs, chaque année il passe avec nous quelques jours chez ses Parents, ses frères et soeur du Maroc.

A 4 ans et demi, Sami m’a demandé :”Papa, est-ce que Maman (de France) m’a eu dans son ventre ?”
Cette question m’a glacé le sang, mais je lui ai répondu que c’était la Maman du Maroc qui l’avait porté et qu’ensuite c’était le Papa et la Maman de France qui s’occupait de lui et qu’il était la personne la plus importante et qu’on l’aimait très très fort. Je lui ai fait comprendre que pour certains enfants c’était naturel en prenant l’exemple de sa mère (de France) qui a été adopté par son oncle.

Ma femme est assistante maternelle et garde trois enfants.
Hier en fin d’après midi Sami a dit à sa mère en regardant un des enfants qu’elle garde “c’est ton fils” et sa mère lui a répondu “Non moi, j’ai déjà mon fils”. Elle pris Sami dans les bras et à ce moment là, Sami répond “Oui, mais je ne suis pas ton vrai fils puisque je suis né au Maroc avec la Maman du Maroc”.

Lorsque je suis rentré, il a dit, “si tu n’étais pas rentré (en s’adressant à moi), j’ouvre la porte et je partirai de la Maison”…..”vous m’avez adopté, je ne suis pas votre fils, je veux bien aller vivre avec mes frères et ma soeur.”

Et nous lui avons dit :

“Si tu veux partir, il n’y a pas de problème. Nous nous occuperons des billets d’avion demain matin, mais nous pleurerons notre fils, car Sami est toute notre vie et que vivre sans lui nous fera pleurer tous les jours…. Au bout d’un moment, Sami nous a dit…ok, je reste car au Maroc je ne pourrai suivre l’école car je ne parle pas l’arabe, je pourrai plus aller au cheval”…..et il a cité tous les avantages qu’il a avec nous en France et qu’il ne pourrait avoir au Maroc.

Ce matin, il s’est comporté comme si rien ne s’était passé.

Nous sommes étonnés qu’il est un sens du discernement et de la réflexion aussi développé.
En moins de 6 mois, entre la fin des ses 4 ans et le début de ces 5 ans, sans nous parler sans nous alerter, il a fait la relation entre le fait d’être porté tout le temps de la grossesse par sa mère et le fait qu’il ne porte pas mon nom et qu’il a des parents, des frères et une soeur au Maroc. Le résultat de sa réflexion a été exprimé en deux phrases importantes
– “Je ne suis pas votre fils”
– “Vous m’avez adopté”
Le mots “adopté” n’a Jamais, au grand Jamais était prononcé chez nous. Nous avons toujours expliqué le fait sans pour cela utiliser ce mots.

Nos questions sur ce sujet sont multiples.

Avons nous bien fait de ne rien lui cacher
Avons nous bien répondu en lui laissant le choix de partir retrouver ses Parents naturels, tout en lui indiquant le mal que cela allait nous faire.
Nous lui avons laissé le choix.

Qu’elle suite doit-on donner, quel comportement doit-on avoir ?

Merci d’avance pour vos réponses,

Bien à vous

Yves

Merci beaucoup pour ce beau témoignage. Je suis toujours tellement et à chaque fois étonnée par la capacité des enfants à comprendre et à dire.
Votre enfant semble bien se débrouillée d’une situation qui semblerait bien embrouillée à plus d’un !
Je crois qu’il est de notre rôle de parent de dire et de dire non pas la réalité mais ce qui est vrai. Votre enfant parle beaucoup et vous avez de la chance !
Je pense que notre devoir en tant que parent est de dire mais aussi de donner du sens à ce qui se passe, expliquer que ce n’est pas un hasard s’il est là, avec vous et pourquoi vous êtes ses parents. Je pense qu’on ne peut pas nommer de la même manière des liens que ne sont si différents et que des parents de naissance ne sont pas toujours le papa et la maman mais des personnes qui seront toujours dans la vie de notre enfant parce qu’ils leur ont donné la vie. Mais un papa et une maman, ce sont ceux qui portent l’enfant plus loin devant, qui le porteront avec un désir constant, qui le font grandir, qui toujours auront un projet de vie tourné vers lui.
Mon enfant aussi pose beaucoup de question et je suis absolument persuadée de l’importance de dire le plus possible mais le plus clairement possible aussi.
Nos enfants s’interrogent sur ce qui nous fait être leur parents parce qu’il ne sont pas nés de nos ventres. Toutes ces questions sont tellement logiques et importantes.
Pour ma part, je les vis bien car je me dis que j’ai pas été assez claire et donc c’est à nouveau l’occasion de parler avec lui, d’échanger, de lui demander se qu’il ressent, se qui lui plait dans son histoire, ce qui lui déplait, de quoi il a peur ou ce qui le préoccupe au fond de lui.
Ces questions sont une chance parce qu’on sait alors où l’enfant en est, ce qu’il comprend ou pas et aussi ce qu’il ressent.
Vous avez adopté cet enfant dans le sens où vous l’avez fait votre (même s’il n’est pas dans votre filiation). Il faut dire les choses clairement et sans peur car les enfant sont solides et ils ont besoin de nous pour nommer les choses, les évènements, rendre acceptable les ruptures.
Les enfants sont très logiques et ils ont besoin que nous le soyons aussi.

Nathalie