• nadiaha
    Ajouté : il y a 13 années Réponse à : Pause café !

    Voici un article qui peut vous intéresser, il a été rédigé par des travailleurs sociaux du Canada.

    Notre expérience en post-adoption auprès des enfants nous a amené à identifier certaines caractéristiques propres aux enfants adoptés. Il s’agit des caractéristiques qui s’appliquent surtout aux 0- 12 ans, même si certaines caractéristiques peuvent demeurer toute la vie, comme le fait d’être fragile dans ses besoins primaires. Par ailleurs, plusieurs enfants biologiques peuvent présenter les mêmes comportements, mais ce que nous constatons chez les enfants adoptés, c’est l’intensité, la généralisation et la fréquence de ces réactions.

    1. L’instinct du survivant

    Nos enfants par adoption sont tous d’extraordinaires survivants. Depuis leur conception, ils ont survécu physiquement et au plan émotif à une série d’obstacles qui défient l’imagination lorsqu’on s’y arrête pour y réfléchir un moment.

    In vivo : ils ont survécus à une grossesse assurément difficile : malnutrition probable de la mère biologique, absence de suivi prénatal, fortes possibilités de stress de la mère quant à son avenir et à l’avenir de l’enfant, possibilités d’exposition à des contaminants (drogue, alcool, produits chimiques en agriculture et en usine), possibilités d’exposition à des maladies infectieuses (sida, hépatite et autres maladies transmises sexuellement).

    Lors de l’accouchement : les circonstances de la naissance, à part de rares cas d’accouchement sous supervision médicale, ont dû aussi être assez difficiles, avec des séquelles autant pour l’enfant que pour la mère : souffrance foetale due à un travail trop long, manque d’oxygène etc.

    Premier jours après la naissance : a-t-il été nourri et soigné convenablement ? A-t-il eu peur ? Froid ou mal ? Comment s’est vécu la séparation avec la mère : dans le calme ? Ou dans la violence?

    Le moment de l’abandon : la nuit, seul dans un lieu public où il s’est réveillé en pleurant ? Pour combien d’heures avant d’être trouvé ?

    La qualité des soins chez une famille substitut ou dans un orphelinat: y- avait-il suffisamment de nourrices pour leur donner un peu de tendresse, d’attention ? La nourriture était-elle suffisante ? De bonne qualité ? A-t-il été soigné en cas de fièvre, irritation aux fesses ? A-t-il été changé régulièrement ? A-t-il subi “seulement” de la négligence affective ou pire a-t-il été frappé, blessé, attaché? Combien de temps a-t-il passé à l’orphelinat? Des jours? Des mois? Des années ?

    Pourquoi a-t-il été choisi pour être adoptable ? Parce qu’il était malade ou parce qu’il était en bonne santé ? Comment a-t-il vécu le premier contact avec ses nouveaux parents : comme bizarre? Menaçant ? Un arrachement aux gens qu’il aimait ?

    Autant de questions sans réponses qui nous indiquent cependant la course à obstacle incroyable que l’enfant a dû franchir avant de trouver une famille. D’ailleurs dans le milieu de l’adoption on s’entend pour dire que pour environ dix enfants qui arrivent à l’orphelinat (on ne sait pas combien d’autres ne sont même pas arrivé là) un seul sera finalement adopté. Haut de la page

    2. L’incomparable

    Sans le vouloir les amis, la famille et même certains intervenants de la santé peuvent faire la vie dure aux nouveaux parents en comparant toujours l’enfant adopté aux enfants biologiques. Que ce soit dans la courbe de croissance ou l’âge dit “normal” de la propreté ou les habiletés psychomotrices la comparaison peut inutilement inquiéter les parents. Durant les premiers 6 mois après son arrivée, il faut se faire à l’idée qu’il sera “incomparable” et ce dans plusieurs sens du mot. Il sera incomparable car il ne correspondra pas à ce qu’un enfant du même âge né et élevé au Québec «doit être». Il sera aussi incomparable car dans ces premiers 6 mois à 12 mois, il se développera à un rythme extraordinaire si on tient compte de son état au premier jour de l’adoption. Ainsi comme parents, il faut toujours se recentrer, ne pas se laisser blesser ou déstabiliser par les remarques des autres. Il faut toujours comparer son enfant à lui-même. Nous seul savons vraiment le chemin qu’il a parcouru depuis son adoption.

    3. Les sommeils difficiles

    Durant la première année mais souvent bien au-delà, les enfants adoptés vivent et font vivre à leur parent des nuits difficiles! Refus de s’endormir, terreurs nocturnes, énurésie, cauchemars fréquents, sommeil agité sont choses courantes et prévisibles en adoption. La qualité du sommeil d’un enfant est le reflet de sa santé physique et de son état émotif. C’est la nuit que le cerveau et le corps se nettoient de leurs fatigues et de leurs émotions. Les enfants adoptés ont à accomplir des tâches énormes durant le jour : apprendre une langue nouvelle, s’apprivoiser à des odeurs, des sons, des couleurs nouvelles, entrer en relation affective avec de nouvelles personnes, se laisser aimer, approcher etc. Cette réalité actuelle s’ajoute à des ancrages dans leur passé comme avoir été abandonné en pleine nuit, avoir entendu des bébés pleurer toutes les nuits à l’orphelinat, avoir eu faim, soif ou mal la nuit sans être consolé ou soigné car le personnel était réduit la nuit. Un adulte y perdrait son latin comme on dit ! Nous avons tous eu des nuits agitées avant un examen, une entrevue. Comme adulte c’était difficile de contrôler ces nuits agitées alors il est bien difficile de demander à un enfant de le faire.

    4. L’enfant Téflon ou Velcro?

    Lorsqu’ils arrivent dans notre vie, les enfants se situent généralement dans une des deux catégories : téflon ou velcro! C’est à dire soit il vont s’accrocher désespérément à nous comme un bébé koala dans la fourrure de sa mère ou encore ils vont sembler nous ignorer et avoir une relation très utilitaire avec nous. Ni un ni l’autre de ces comportements ne sont souhaitables. Un enfant Velcro n’est pas un gage d’un attachement instantané ou d’une relation saine à long terme et un enfant Téflon n’est pas non plus le gage que cet enfant ne s’attachera jamais à vous. Durant la première année, il y aura une ambivalence entre ses deux modes de fonctionnement : parfois Velcro parfois Téflon. Il ne faut pas s’inquiéter outre mesure durant les premiers mois surtout si l’enfant a été adopté après l’âge de 12 mois. Par contre, si après un an ces comportements perdurent de façon très intense, il faudra penser à explorer la possibilité qu’il s’agisse de symptômes de troubles plus ou moins graves de l’attachement . Haut de la page

    5. La reproduction de leurs modèles de survie

    Si votre enfant a des comportements que vous considérez étranges, hors normes ou agaçants ou «incompréhensibles». Il y a de fortes chances qu’il reproduise une habitude ou des comportements qui l’ont aidé à survivre. S’il se «brasse» pour s’endormir, c’est sans doute la façon dont il s’est «autobercé» parce que personne ne le faisait pour lui. S’il attire toujours l’attention avec des mauvais coups, il est fort possible qu’il est obtenu l’attention des adultes seulement lorsqu’il était tannant. S’il cache de la nourriture c’est qu’il en a manqué et qu’il n’est pas certain d’en avoir demain. Alors, au lieu de voir ce comportement comme une nuisance, il faut d’abord l’accueillir comme une preuve de sa créativité, de son instinct de survie. Il faut ensuite le rassurer qu’il n’a plus à faire cela maintenant, que vous êtes là comme parents pour répondre à ses besoins, qu’il n’est plus seul pour s’occuper de lui-même.

    6. Le développement en escalier

    Le développement physique, émotif, social et cognitif d’un enfant ne se fait pas de façon continue et linéaire. C’est encore plus vrai chez les enfants adoptés. Nous avons constaté qu’ils ont encore plus tendance à se développer par longues étapes où rien ne semble évoluer puis «tout à coup» se mettre à parler, marcher, bien dormir, manipuler des objets avec dextérité, etc.

    Certains parents vont s’inquiéter de ce processus. Il ne faut pas surtout pendant les deux ans après l’arrivée de l’enfant. Comme nous l’avons expliqué, un enfant adopté arrive souvent très fragilisé dans ses besoins fondamentaux : manger à sa faim, boire, se sentir en sécurité physique, créer un lien de confiance et d’attachement avec ses nouveaux parents. La réponse à ses besoins est prioritaire pour cet enfant et il ne peut pas passer aux autres étapes comme l’apprentissage du langage ou de l’écriture avant d’être très sécurisé dans les besoins de bases. Certains parents oublient cela et se concentrent beaucoup trop tôt sur l’acquisition d’apprentissages car ils sont inquiets que l’enfant arrive à la garderie ou à l’école et ait trop de “retard” par rapport aux autres enfants. Il faut être très patient et très vigilant à ne pas laisser nos propres inquiétudes nous faire oublier l’essentiel : le bonheur plutôt que la performance.

    7. La phase de régression

    Parce qu’ils ont très souvent été fragilisés dans leurs besoins fondamentaux (revoir la pyramide de Maslow), les enfants adoptés ont des phases où ils semblent perdre subitement leurs acquis. En situation de stress ou de changement, ils vont recommencer à uriner au lit, après un déménagement, par exemple. Ils vont recommencer à faire des crises d’insécurité épouvantable, après un séjour à l’hôpital. Ils vont oublier comment écrire alors qu’ils sont en deuxième année, à l’arrivée d’un autre enfant dans la famille.

    Ceci peut décourager un parent qui a mis tant d’effort pour aider l’enfant à s’adapter. Le parent peut se demander s’il est fautif, si ce qu’il a fait n’a rien donné, etc. De façon générale, ces phases de régressions sont un pas en arrière pour prendre un élan afin de «sauter» plus loin. Mais il faut les décoder, les comprendre et ne pas se laisser abattre. Haut de la page

    8. Le séducteur ou l’indifférent

    Les enfants adoptés sont très souvent des enfants très charmants voire même charmeurs! Ils savent quoi faire et quoi dire pour attendrir et séduire les adultes. On peut supposer qu’ils reproduisent dans le présent une formule gagnante pour eux dans le passé. Ils ont ainsi obtenu l’attention minimale nécessaire de la part des nourrices par exemple.

    Par contre ces comportements peuvent rester parfois très superficiels et l’enfant peut devenir totalement indifférent si l’adulte veut créer trop vite une véritable intimité affective avec lui. S’il n’est pas prêt à vivre cette intimité il repoussera l’adulte ou pire deviendra carrément agressif. Ceci peut dérouter un parent ou un proche. L’enfant demande de façon charmante qu’on s’occupe de lui et le repousse dès qu’on s’occupe vraiment de lui. Il faut se rappeler que l’enfant a reçu une petite cuillère d’affection chaque jour avant son adoption, il peut se sentir étouffé ou carrément noyé si on lui offre un immense pichet à la fois!

    9. La peur exagérée du rejet et de l’abandon

    Une chose est certaine : la grande majorité des adoptés, grands ou petits, ont une sensibilité extrême face à toutes situations où ils perçoivent une forme de rejet ou pire un risque d’abandon. Des adultes adoptés très jeunes au Québec et qui ont vécu dans des familles aimantes, nous en témoignent régulièrement. Ils ont des rêves récurant où une personne chère ne vient jamais les chercher à l’école, après le travail, etc. Toute forme de critiques même constructive est vécue comme un blâme, un rejet. Certains ont des difficultés à faire confiance et sont très “indépendant ” au plan émotif: je ne m’attache pas donc je n’aurais pas mal! D’autres n’arrivent pas à avoir des relations amoureuses durables car dès que le couple devient intime ils préfèrent quitter tout de suite plutôt que de prendre le risque d’être laissé un jour par l’autre.

    Chez les jeunes enfants, cela se manifeste par le besoin de toujours demander à quelle heure et qui viendra les chercher à la garderie ou à l’école. Ou par les besoins de toujours insister pour que tous les membres de la famille soient toujours ensemble, dans la même chambre, dans la même voiture, etc. Cela peut durer des mois ou des années. Haut de la page

    10. La non permanence des choses

    Tous les êtres humains envisagent le futur à partir de la réalité de leur passé. Par exemple un homme ou une femme qui a été trompée par de nombreux amoureux auront beaucoup de difficulté à croire à l’amour, à l’engagement sincère. Une personne âgée qui a vécu la grande dépression des années 30, gardera toujours son bas de laine sous son matelas plutôt que de déposer son argent à la banque, etc. Au moment de son adoption, un enfant a vécu au moins (parfois beaucoup plus) à deux endroits : avec sa mère de naissance et ensuite dans son milieu substitut. Dans sa courte vie, il s’est habitué puis a été arraché à deux milieux. Le voilà maintenant dans un troisième ! Si le passé est garant du futur, il se dira que ce n’est que temporaire comme les autres fois ! Il y a donc un décalage énorme entre l’engagement et la certitude du parent, pour qui il est absolument certain que l’enfant demeurera “toujours” avec lui, et la perception de l’enfant qui s’attend, avec une forte probabilité, de repartir bientôt ou un jour !

    Ceci déroute aussi beaucoup les parents lorsque par exemple l’enfant demande tous les jours, sans cesse, s’ils l’aiment ou si l’enfant devient exagérément terrorisé lorsqu’on le dispute, même pour une petite faute. Cela fait qu’ils sont aussi très facilement fragilisés et anxieux devant tout changement : déménagement, changement de garderie, changement de chambre, séparation des parents, etc.

    Il faut donc constamment se mettre dans leur peau et trouver correct que rien ne soit permanent pour eux. Il faut répéter notre amour inconditionnel, faire la différence entre un comportement que l’on ne veut pas et lui que l’on aime malgré ses petits écarts de conduite. Il faut être d’une grande stabilité dans nos habitudes de vie, le milieu de garde, les écoles, les maisons, etc. Haut de la page

    11. La fragilité dans leurs besoins primaires

    Il ne faut pas être dérouté par certains comportements qui perdurent chez les enfants. Ils sont simplement le signe de l’ampleur des blessures invisibles. Certains parents s’étonnent qu’une enfant âgée de 10 ans et adoptée à 18 mois cache parfois encore de la nourriture. Ceci n’est que la douloureuse confirmation qu’elle a eu bien faim. Alors au lieu qu’elle le fasse en cachette et dans la honte, pourquoi ne pas lui offrir d’avoir toujours une barre tendre dans un tiroir de chambre par exemple. Vous l’accueillez dans son besoin et vous évitez aussi les mauvaises odeurs ou surprises!

    12. L’instinct du petit saumon

    Le questionnement et la compréhension des origines varient selon l’âge émotif et mental de l’enfant puis de l’adulte. Cette recherche n’a pas la même importance et signification pour tous. À preuve la plupart de adoptés québécois ne font pas de demandes de retrouvailles et ce même si depuis 1984 la loi le leur permet.

    Cependant, pour certains, ce besoin de savoir devient une quête avec une signification énorme. Comme le saumon, ils sont prêts à se briser les nageoires sur les roches et de se rendre au bout de leur énergie vitale pour avoir une réponse à cet instinct de retour aux sources. Ce besoin est souvent interprété par le parent comme un désaveu de la relation adoptive, comme un échec de l’amour mutuel. Les parents pensent à tort qu’ils ne l’ont pas assez aimé, qu’ils n’ont pas assez réparé le passé, qu’ils vont perdre quelque chose de spécial avec l’enfant s’il le laisse ou l’encourage à retourner dans son pays. Certains parents veulent aussi éviter à l’enfant de souffrir, d’être déçu s’il ne trouve pas les réponses ou l’objet de son désir.

    Il faut donc comme parent se préparer mentalement à accepter cette étape. La meilleure façon est de régler nos contentieux et notre «logique privée» avec les parents de naissance de nos enfants et ce même si, en Chine par exemple, les chances de retracer les parents de naissance seront bien minces. Si comme parent adoptif nous considérons les parents de naissance comme faisant partie de notre vie, comme ayant été et étant encore des personnes significatives pour nos enfants, nous n’éviterons pas l’éveil de l’instinct du «petit saumon» mais nous le vivrons d’une façon beaucoup plus constructive. Un refus de la légitimité de cette quête peut vraiment mettre en péril la qualité de la relation parent-enfant. Alors qu’une ouverture sincère ne peut que l’enrichir.

    http://www.quebecadoption.net/adoption/postadopt/caractenfant.html

    Charloteofraise
    Ajouté : il y a 12 années et 12 mois Réponse à : Les 12 caractéristiques de l’enfant adopté

    :( Merci pour ce résumé que j’avais vu d’ailleurs sur un site, mais j’adhère pas du tout à ce résumé vraiment:blush: je retrouve pas du tout le comportement de mes fils mais vraiment pas ni celui de nombreux enfants adoptés au Maroc! Ct le constat qu’on faisait avec de nombreux retour d’Espagne d’enfants adoptés au Maroc 😆 ça rassure car lire ce genre de truc c un peu déprimant et décourageant je trouve lol bizzz

    Anonyme
    Ajouté : il y a 5 années et 9 mois Réponse à : Les 12 caractéristiques de l’enfant adopté

    Magnifique – merci! – cela résume quasiment tout ce que j’ai vécu avec mes jumeaux adoptés environs leur 3 ans il y a 5 ans. En effet il me semble que apprendre d’attendre ces comportements devraient etre obligatoires pour les parents kafils comme les parents adoptifs. Très claire cette présentation. Courage à tous, nos enfants le méritent je le crois vraiment.

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