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Implantée depuis 60 ans dans le monde et depuis 25 ans au Maroc, SOS villages d’enfants œuvre sur un modèle de prise en charge des enfants abandonnés sur le long terme, axant son travail sur la notion de famille. L’association a mis en place 500 villages dans le monde, dont 5 au Maroc qui accueillent 640 enfants. Dans chaque village, les enfants sont placés au sein d’une famille, avec une mère SOS qui accueille entre 8 et 9 enfants. La reconstitution de cette cellule familiale, essentielle à l’équilibre de l’enfant, nécessite de garder des traces, des souvenirs du passé de l’enfant au sein de cette nouvelle famille d’accueil. Pour cela, l’Association marocaine des villages d’enfants SOS éditait un cahier intitulé «Mon histoire», qui regroupait les informations essentielles de la vie de l’enfant. Comme l’explique Béatrice Beloubad, la directrice nationale de SOS, «les enfants ont besoin de connaître leurs racines, leur histoire pour avoir des repères. Ce sont toutes ces informations que nous consignons par écrit dans ce livret que l’enfant emporte avec lui lorsqu’il devient autonome». Mardi dernier, une convention concernant cet album a été signée avec une autre association, «Les lutins des sables» qui œuvre aussi pour traiter l’abandon des enfants au Maroc. La signature de la convention entre les deux partenaires s’est faite au village SOS de Dar Bouazza, qui accueille actuellement 97 enfants, âgés de 4 à 18 ans. Pour «Les lutins des sables», le nouvel album mis en place, «l’Arbre de vie», propose un support plus complet, permettant de retranscrire le maximum d’informations sur la vie de chaque enfant. «Nous avons fait cet arbre de vie avec le souci du suivi de l’enfant, du lien avec son histoire», nous explique la directrice de l’association, Sylviane Nobecourt. Travaillant avec les orphelinats depuis 2005, «Les lutins des sables» ont mis deux ans pour élaborer ce livret, avec la volonté de mettre l’enfant au centre de l’album. Cet «Arbre de vie» illustré en couleurs comporte la première visite médicale, des pochettes pour classer tous les documents nécessaires au suivi de l’enfant mais aussi des pages pour conserver des photos, la trace écrite d’un film ou d’une sortie, des vacances d’été, des mots souvenirs d’amis. Comme le décrit Béatrice Beloubad, «un enfant abandonné a une grande blessure, qu’il a besoin de cicatriser dans le temps.
«Un enfant abandonné a une grande blessure, qu’il a besoin de cicatriser dans le temps. Les anecdotes, les moments importants, les photos, les écrits construisent l’enfant».
Les anecdotes, les moments importants, les photos, les écrits construisent l’enfant». «l’Arbre de vie» sera distribué aux prochains 47 enfants nouvellement admis par l’Association marocaine des villages d’enfants SOS. Amina, une des mères SOS du village, assiste à la signature de la convention et apprécie ce nouvel album de suivi, qui lui semble plus complet. Amina est une mère SOS depuis 17 ans, en charge de 9 enfants, 3 filles et 6 garçons. Elle revient sur son histoire de mère SOS, avec simplicité et ouverture. Elle a perdu sa propre mère lorsqu’elle avait 6 mois et elle a grandi avec sa tante et sa grand-mère. Après son baccalauréat, elle s’est mariée puis a divorcé. Ce chemin de vie l’a amenée à rejoindre à 32 ans le village de Aït Ourir, le premier village de SOS villages d’enfants, où elle a été assistante familiale, une «tatie» comme on les appelle au village, pendant 7 ans et demi. Puis, souhaitant garder contact avec des enfants au quotidien, elle est devenue une mère SOS. Comme Amina, 63 mères SOS marocaines ont été formées pour accueillir des enfants abandonnés et leur prodiguer la chaleur d’un foyer. En outre de l’accueil et du suivi des enfants dans les villages, l’association SOS villages d’enfants développe un deuxième volet de prévention en amont, avec un programme de renforcement de la famille. Elle travaille au sein des familles où il existe un risque d’abandon, en aidant notamment les mères à se former à un travail, à sortir de l’analphabétisme et en les soutenant dans la prise en charge des enfants. Cet accompagnement permet d’éviter l’abandon dans des populations très vulnérables.